Tranquillement assis dans le bus qui me ramenait chez moi hier, je lisais le dernier numéro d’Auto Plus lorsque, parcourant l’éditorial (de Thierry Soave, directeur des rédactions), mon œil fut attiré par cette phrase : « Et moi qui croyais que […] ». Et le doute me prit : n’y avait-il pas une faute dans cette phrase ? n’aurait-il pas été plus correct d’écrire : « Et moi qui croyait que […] » ? Mes souvenirs vacillants de grammaire me jouaient des tours et les sujets, pronoms relatifs, verbes, conjugaisons et accords s’entrechoquèrent dans ma tête.

Oh, l’hésitation ne dura pas longtemps, mais l’incident me donna deux envies. La première est d’imiter Jean Véronis (Technologies du Langage) et d’utiliser Google en tant qu’outil de mesure de la maîtrise de la langue française de par le monde. La première mesure portera évidemment sur la phrase citée plus haut. La seconde envie est incarnée par ce billet même. J’y inaugure une nouvelle catégorie, celle des Belles lettres, où je vous parlerai, dans un premier temps, de la typographie et de ses « règles », domaine qui m’est quelque peu familier.

La recherche sur Google tour à tour des deux expressions "et moi qui croyais" et "et moi qui croyait" (judicieusement enchâssées entre leurs paires de guillemets droits) donne respectivement 947 et 582 réponses, ce qui se traduit par 62 % et 38 % du total de réponses (1529), respectivement. L’écart entre les proportions des deux réponses (2/3 et 1/3) n’est pas, à mon avis, assez important pour qu’on puisse l’attribuer à une quelconque erreur de frappe ou d’inattention. C’est bien un nouvel usage qui s'établit, là, sous nos yeux. L’honneur et sauf ! Si j’ai pu hésiter quelques instants entre les deux formes, ce n’est que la conséquence de ce nouvel usage. Comme quoi, même les esprits les plus avertis peuvent être pris en défaut. Alors qu’il suffirait, pour s’éviter ce genre de bévues, de tourner autrement l’expression, comme je l’ai fait dans mon bus. Dirions-nous « et nous qui croyions » ou « et nous qui croyait » ? Pardon monsieur Thierry Soave d'avoir douté de vous.

En attendant mon prochain article, allez donc faire un tour sur Orthonet, vous rafraîchir la mémoire ou tester la justesse de vos connaissances linguistiques.