La francisation des termes techniques de l’informatique reste un exercice difficile, très difficile. Tout le monde garde en mémoire la dernière fournée de termes francisés par la « tristement célèbre » Commission générale de terminologie et de néologie. Bon.

Un exemple frappant de francisation malheureuse est celui des fenêtres « popup ». Plaie des temps modernes connectés, ces fenêtres malvenues envahissent de plus en plus le web, s’installent sans gêne sur nos écrans et transforment nos paisibles séances de surf en dangereuses expéditions dans les bas-fonds de la pornographie. Pour nous mettre à l’abri de ce répugnant ennemi, chaque navigateur propose maintenant, grâce à une fonction spécifique, le moyen de les contrer. Pour baptiser cette fonction, chacun y va malheureusement de ses propres termes récoltés sûrement au petit bonheur la chance. En voici un petit panorama (qui ne prétend donc pas à l’exhaustivité) :

  • Internet Explorer 6.0.2900.2180.xpsp_sp2_gdr.050301_1519 (beau nom à rallonge pour baptiser la version d'IE livrée avec XP SP2) propose un menu Bloqueur (*) de fenêtre publicitaire intempestive (où l’on découvre par la suite la belle inconsistance de Microsoft dans le choix des libellés de ses menus, en adoptant sans crier gare le pluriel dans le sous-menu correspondant : Désactiver le bloqueur de fenêtres publicitaires intempestives, Paramètres du bloqueur de fenêtres publicitaires intempestives...) ;

  • Apple innove dans Safari en invoquant les fenêtres surgissantes, faisant surgir de la sorte un bel adjectif de nulle part ;

  • Firefox ne se mouille pas trop en s’en tenant au mot anglais original, Bloquer les fenêtres popup ;

  • Google, dans sa barre d’outils, s’autorise quelques libertés et propose de Bloquer les annonces pop-up.

N’est-il pas possible de trouver meilleur terme pour remplacer le mot « popup » ? Bien sûr que si. Voici ce mot et ses définitions telles que données par le TLFi (Trésor de la langue française informatisé) :

Parasite, subst. masc.
  • P. ext. Personne qui vit, prospère aux dépens d’une autre personne ou d’un groupe de personnes.
  • Qui coûte plus qu’il ne rapporte, qui exploite, tire profit sans rien rapporter, qui se pratique au détriment de la société.
  • Biol. animale et végét. Organisme animal ou végétal qui, pendant une partie ou la totalité de son existence, se nourrit de substances produites par un autre être vivant sur lequel ou dans les tissus duquel il vit, lui causant un dommage.
  • Méd. [En parlant des tumeurs qui se développent chez un être vivant].
  • Télécomm. Signaux imprévisibles se superposant à un message et le perturbant.
Parasite, adj.
  • Gênant, perturbateur ou nuisible.
  • Qui gêne la lecture, la compréhension.

Fenêtre parasite. Cela sonne très bien. Toutes les acceptions du mot parasite renvoient la même nuance sémantique décrivant avec justesse le rôle des fenêtres popup-surgissantes-intempestives. Pour moi c’est définitivement adopté. Faire accepter le nouveau terme au grand nombre ne sera pas une mince affaire. Dieu Google ne recense que 85 occurrences de « fenêtre(s) parasite(s) », dont une bonne part n’a rien à voir avec les fenêtres popup.


(*) Les valeureux étudiants belges acharnés à l'étude des fenêtres publicitaires intempestives tiennent à adresser ici leurs vifs remerciements à Microsoft qui, par son choix judicieux du terme bloqueur (en lieu et place des éculés bûcheur ou bosseur), a contribué de façon inestimable à leur renommée.