mercredi 14 septembre 2005

À propos de Crosne et de Wikipedia.fr

Dans un article datant d’avril dernier (« Wikipédions Crosne »), j’annonçais l’inauguration de l’article traitant de Crosne sur Wikipedia et j’invitais mes chers concitoyens à enrichir cette page.

Mon appel a été entendu. Merci à AlNo, Bombyx, Céréales Killer et les autres bonnes âmes pour leurs précieuses contributions. La page est maintenant plus étoffée et n’a rien à envier aux autres.

J’en profite également pour remercier une seconde fois AlNo qui, dans ce commentaire, corrigeait ma méprise sur le nom de domaine du projet Wikipédia français. Je lui laisse la parole :

Bonjour, le lien donné dans l’article vers Wikipédia est incorrect : il pointe vers un domaine qui n’est pas détenu par la fondation en charge du projet, mais par un tiers qui se contente pour le moment de rediriger ses visiteurs vers le site officiel :

fr.wikipedia.org

Bien cordialement, un contributeur régulier de Wikipédia. :)

J’ai corrigé en conséquence le lien en question sur l’article incriminé.

mardi 13 septembre 2005

Et un Andy Warhol, un !

Poursuivant encore et toujours mes pérégrinations graphiques, j’ai suivi les conseils d’un article paru dans SVM n° 240 de septembre 2005 (« Colorisez un portrait à la manière d'Andy Warhol », p. 140) : andywarholiser un portrait. Comme pour les précédentes créations, notre délicieux modèle nous prêtera son joli minois.

J’ai utilisé pour ce faire The Gimp. Honnêtement, j’ai tellement galéré, tellement essayé d’options et de filtres, que je sais plus comment j’ai enfin pu arriver à ce résultat. Mais j’en suis content.

dimanche 28 août 2005

Otons autant et mettons PourMoi au temps

« Autant pour moi… ». Combien de fois avons-nous — avez-vous — vu cette expression si répandue servie sous cette graphie. Et cette graphie, comme vous pouvez l'imaginer, est parfaitement erronée. Voyons ce qu’en pense le TLFi (Trésor de la langue française informatisé) :

Au fig. [Pour admettre son erreur et concéder que l'on va reprendre les choses depuis leur début] Au temps pour moi! Un peu plus tard, il avait fait une erreur dans un raisonnement délicat et il avait dit gaiement: « Au temps pour moi ». C'était une expression qu'il tenait de M. Fleurier et qui l'amusait (Sartre , Mur, 1939, p. 170).
Rem. La graph. autant pour moi est plus cour.: Autant pour moi! Où donc aussi, Avais-je la cervelle éparse? (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 157).

« Au temps pour moi » semblerait donc être la bonne graphie. Mais rien n’est moins sûr, car le débat fait cependant encore et toujours rage entre lexicographes de tous bords et tous temps. Il n’y a qu’à faire un tour sur l’excellent site Langue française (http://www.langue-fr.net/) pour s’en convaincre. À la page judicieusement intitulée « Au temps pour moi ou autant pour moi ? », une étude exhaustive et circonstanciée du problème vous est livrée ; à cette même page, vous est également offert l’accès à une compilation (Aux tempes pour moi et autres explications fantaisistes, http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-bis.htm) du vieux, très vieux débat, ayant eu lieu sur Usenet, forum fr.lettres.langue.francaise, où des générations de contributeurs ont apporté leurs eaux au moulin de la discorde avec force preuves et exemples, chacun y allant de sa graphie et de son explication (exemple : autant pour moi ?).

Cher lecteur, oubliez ces discussions oiseuses et les explications farfelues qui y sont données, car la vérité est autre. On n’écrit pas « au temps pour moi », ni « autant pour moi », ni encore « aux tempes pour moi » ou toute autre billevesée du même acabit.

L’unique est véritable graphie de cette expression est la suivante :

Au temps PourMoi !

La naissance dette expression eut lieu très exactement le 13 septembre 2003, aux environs de 19 h, en les locaux du CNAM, lors d’un examen portant sur l’enseignement des systèmes informatiques. Le sujet de cet examen, que l’on peut consulter ici, concernait entre autres la synchronisation de processus. PourMoi est le nom de l’un de ces processus.

Le processus PourMoi de l’un des candidats refusant obstinément de se synchroniser, ce dernier, en apportant les corrections nécessaires au bon fonctionnement de son code, le morigéna en hurlant en plein milieu de l’examen cette fameuse phrase : « Au temps PourMoi ! ». CQFD.

mercredi 20 juillet 2005

Un vendredi de découvertes

Ce vendredi 15 juillet fut un vendredi de découvertes.

Découverte d’abord de deux nouveaux talents. Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, Yanis et Rémi (ou plutôt Rémi et Yanis, pour respecter l’ordre sur la photo) se sont intensivement entraînés pour le prochain Tour de France (et tous les suivants).

Je m’explique maintenant la décision de Lance Armstrong d’arrêter la compétition.

La seconde découverte a eu lieu au… Palais de la découverte. L’exposition intitulée « Les signaux bioélectriques : des bruits du coeur à l'électrocardiogramme » réservait une stupéfiant spectacle à tous les macounets endurcis et linuxiens invétérés : celui de l’écran bleu de la mort si cher à Microsoft.

Je n’ai toujours pas réussi à expliquer à mes deux futurs champions le pourquoi du comment de cet écran. Il me faudra beaucoup de patience et de pédagogie pour arriver à leur faire accepter l’idée qu’un ordinateur, ça tombe en panne, pour peu qu’il soit motorisé par Microsoft.

dimanche 17 juillet 2005

L’histoire du P-P-P-PowerBook (ou l’arnaqueur arnaqué)

Il vous est sûrement arrivé un jour ou l’autre d’acheter un objet quelconque et, pour une raison ou une autre, de regretter cet achat peu de temps après. Il est arrivé la même mésaventure à Cory. Quelques jours après avoir reçu son PowerBook G4 flambant neuf, il se rend compte (l’inconscient !) qu’il n’en a pas vraiment l’utilité. Et bien sûr, il n’est plus question de se le faire rembourser, le délai de dix jours étant passé.

Serviable, son ami Jeff se propose de présenter le portable à la vente sur eBay. Ce qui fut fait, au prix de départ de 1 700 $ et un prix d’achat immédiat de 2 100 $. Et les jours passèrent…

Arriva enfin un e-mail, dont voici la teneur :

Hello. Je suis très intéressé par votre machine. Pouvez-vous m’indiquer le meilleur prix auquel vous la céderiez et si vous pouvez l’adresser à l’étranger. J’habite Londres, Grande Bretagne. J’aimerais également connaître l’état de votre machine. Je suis très intéressé. Merci par avance.

Merci,

msalamon

Poliment, Jeff répondit à M. Salomon, en le rassurant : envoyer la machine à Londres ne lui pose aucun problème, à condition bien sûr que l’acheteur prenne en charge les frais d’expédition ; il n’y a aucun souci à se faire sur l’état d’une machine vieille de seulement 21 jours ; finalement, et concernant le prix, les 2 100 $ demandés pour pour l’achat immédiat augmentés des frais d’expédition lui semblent un prix convenable.

Salomon ne mit pas longtemps à répondre, réitérant son intérêt pour le portable et informant Jeff de son accord sur les termes de la transaction et sur les moyens d’expédition (FedEx, DHL, UPS, etc.). Cependant, il préférerait recourir aux services d’un autre tiers de confiance pour le transfert des fonds (http://www.set-ltd.net) plutôt que ceux de PayPal/Escrow d’eBay, trop gourmand à son avis. Grand seigneur, Salomon est prêt à prendre en charge les frais de transfert de fonds.

Scam, scam, scam. Jeff flaira immédiatement l’escroquerie. Heureusement, il ne céda pas à son premier réflexe de répondre par un mail composé en 72 pt et contenant les mots « FUCK OFF ». Membre d’un forum de discussion, il exposa son histoire. Ainsi fut lancée l'opération Grande Contre-Arnaque.

Le site http://www.set-ltd.net était bien sûr un faux, mais Jeff se fit un plaisir de s’y enregistrer. E-mail de Salomon : « J’ai procédé au transfert des fonds au profit du tiers de confiance et vous ne tarderez pas à en avoir confirmation. » E-mail en provenance du prétendu service de tiers de confiance : « Votre partenaire "Scont06" a procédé au transfert des fonds correspondant à la transaction n° ID 1399872290. »

E-mail de Salomon :

Hello. Le site tiers de confiance m’a confirmé la bonne réception des fonds. Vous pouvez maintenant m’adresser l’ordinateur par le moyen qui vous convient (FedEx, UPS ou DHL), mais veuillez s’il vous plaît déclarer une valeur de colis de faible montant, car je dois m’acquitter des droits de douane qui s’élèvent ici à 27,5 % du montant total déclaré ; s’il vous plaît, faites au mieux et déclarez le colis comme un cadeau de famille de faible valeur. Voici mon adresse : Gianluca Sessarego, 9b Varley Parade, Colindale, Londres, GB. Code postal : NW9 6RR

Le coup de génie vint de cette phrase :

Je dois m’acquitter des droits de douane qui s’élèvent ici à 27,5 % du montant total déclaré.

Soit un montant total déclaré de 2 200 $. 27,5 % de ce montant font 606 $ ! Il fallait arnaquer l'escroc de ce montant. Il était bien sûr hors de question d’envoyer le PowerBook tout neuf. Un autre PowerBook, encore plus neuf, pièce unique, pièce inestimable, serait envoyé. Entre-temps, des membres du forum se trouvant à Londres jouèrent aux agents secrets et partirent espionner les lieux du crime. Ils tombèrent sur un minable salon de coiffure-cybercafé.

 

Restait le problème du coût de l’envoi, trop élevé pour les modestes moyens de Jeff. Qu’à cela ne tienne, un appel à la générosité des membres du forum permit de réunir rapidement la somme nécessaire. Un saut au bureau de poste le plus proche et… patatras ! FedEx exigeait le numéro de téléphone du destinataire. Celui-ci se fait un plaisir d’en fournir un… faux !

Ce fut une longue attente. Stressante, que dis-je, angoissante. Panique à bord. Le colis qui reste bloqué chez FedEx qui ne peut le délivrer car ils ne peuvent joindre le destinataire au numéro de téléphone indiqué. Les e-mails urgents envoyés au cher Gianluca. Jeff panique. Il a peur de ne pas recevoir son argent. Il a besoin de cet argent. L’attente encore. Le stress qui va crescendo.

Enfin, un e-mail de Gianluca.

Cher Monsieur. J’ai payé aujourd’hui les droits de douane. Je me suis présenté personnellement aux bureaux de FedEx et effectué le paiement. Tout est OK actuellement et ils m’ont indiqué qu’ils effectueront la livraison demain ou lundi à 10 h du matin au plus tard. Désolé pour le retard, mais fedEx m’a assuré que c’était le mieux qu’ils pouvaient faire. De toute façon, au plus tard lundi après-midi tout sera réglé. La semaine prochaine donc nous finaliserons notre deal. Merci pour votre patience et j’espère que vous êtes rassuré maintenant.
Le 11 mai 2004, Gianluca prenait possession de son colis.

Voici le PowerBook reçu dans toute sa splendeur :

Vous pouvez retrouver le site (en anglais) consacré à cette histoire ici : Scamming the scammer.

vendredi 15 juillet 2005

SCO tente d’assassiner l’e-mail assassin

Le 13 août 2002, Michael Davidson, un ingénieur de SCO, adressait à sa hiérarchie un e-mail commentant les résultats d’un audit conduit par un consultant extérieur, Bob Swartz, sur le plagiat éventuel du code source d’Unix par Linux. Groklaw a mis la main sur cet e-mail. En voici la traduction (imparfaite) :

L’audit dont il est question ici a été mené par un consultant externe engagé par SCO (Bob Swartz). J’ai travaillé avec lui et vérifié ses résultats.

Si mes souvenirs sont bons, Bob a remis un rapport initial sur le projet décrivant la méthodologie qui sera suivie, et il également possible qu’il *ait* fourni un rapport final, mais je n’ai copie d’aucun de ces rapports.

Le projet est le résultat du refus de la direction de SCO de croire qu’il puisse être possible que Linux et une grande part du logiciel libre ait existé sans que *quelqu’un* *quelque part* n’y ait jamais copié des parties propriétaires de code source UNIX dont SCO détient le copyright. L’espoir était de trouver quelque « squelette dans les placards » du code utilisé par Red Hat et/ou tout autre compagnie Linux, qui nous donnerait quelques atouts. (L’idée a circulé, quelque temps, que nous pourrions vendre aux entreprises utilisant Linux des licences qui leurs serviraient de « police d’assurance » dans le cas où il s’avérerait qu’elles utilisent du code violant notre copyright.)

Il est à noter que la portée du projet était limitée à la recherche de preuves d’infraction de copyright (nous n’avons pas considéré les brevets car SCO n’en possédait aucun, et parce qu’en général, les problèmes de propriété intellectuelle sont trop vagues — de plus, SCO était *sûre* de découvrir des évidences de violations de copyright, évidences pour lesquelles les preuves sont comparativement plus aisées à apporter une fois ces violations découvertes).

Un consultant externe a été engagé car j’avais déjà émis l’opinion (basée sur la connaissance détaillée de notre propre code source et de la raisonnablement large exposition à Linux et autres projets open source) que ce serait une perte de temps et que nous n’allions rien trouver.

Bob [Swartz] a travaillé sur ce projet pendant (je crois) 4 à 6 mois pendant lesquels il a examiné le kernel Linux ainsi qu’un grand nombre de librairies et d’utilitaires et les a comparés à différentes versions du source code d’UNIX AT&T. (Le plus gros du travail a été automatisé grâce à l’utilisation d’outils conçus pour traquer les similitudes tout en ignorant les différences triviales de formatage et de graphie.)

En fin de compte, nous n’avons absolument *rien* trouvé, c’est-à-dire aucune preuve d’infraction de copyright quel qu’il soit.

Il existe, en fait, beaucoup de code commun entre UNIX et Linux (tout le système X Windows, par exemple), et il est invariablement apparu que ce code commun a été (légitimement) obtenu auprès de tierces parties par nous (SCO) et par la communauté de Linux.

Dois-je vous rappeler que 6 mois plus tard, le 6 mars 2003, SCO traînait devant les tribunaux IBM en lui reprochant exactement ce que niaient l’e-mail et l’audit ?

En tout état de cause, SCO a vite réagi à la divulgation de cet e-mail en le jugeant hors propos et en adressant aux médias (ZDNet Australia) une copie d’un mémo de ce même Swartz, daté de 1999, dans lequel ce dernier fait part de ces doutes sur l’« intégrité » de certains parties de Linux :

Ce mémo montre que l’e-mail de M. Davidson se réfère à une enquête limitée aux faits de copie littérale, qui se rencontrent rarement dans les cas d’infractions de copyright et qui peuvent facilement et délibérément être maquillés, ainsi que l’indique le mémo précisément.

Pour ma part, j’ai beau lire et relire l’e-mail, je n’y retrouve aucune des allégations de SCO sur les limites de l’enquête. De plus, même si le mémo exprime réellement des doutes, il ne fait par contre aucun doute que le texte de l’e-mail les balaie comme balaie un maniaque de la propreté le sol de sa maison : avec énergie et détermination, tant et si bien qu’aucune poussière n’y survit.

Par contre, il est un constat qui ne souffre aucun doute : 1999 est l’année de l’arrivée de Darl McBride à la tête de Caldera — qui prendra en 2003 le nom de SCO. Le mémo dont il est question ici n’est-il pas en fait le rapport initial évoqué dans l’e-mail ?

Tout cette mascarade ne vous rappelle-t-elle pas cette autre mascarade des armes de destruction massive admirablement jouée par G. W. Bush ?

McBride devrait intenter un procès à Bush. Pour plagiat. Je suis prêt à témoigner.

dimanche 19 juin 2005

Grand Prix d’Indianapolis : la farce

Elles sont six. Six voitures. Six monoplaces. Deux rouges, deux jaunes et deux blanches et noires. Ferrari, Jordan et Minardi. Elles courent, elles courent, semblant poursuivre une improbable victoire. Mais non, elles fuient en vérité. Elles fuient la honte qui les poursuit.

À l’extinction des feux, elle les a déjà rattrapées.

MàJ. À Indianapolis, il pleut de l’eau… en bouteilles. Véridique.

MàJ 2. Phénoménal ! Les Ferrari qu’on jugeait juste bonnes pour la casse ont retrouvé leur compétitivité, et même plus. Au bout de 33 tours, à 40 tours de la fin, elles ont laissé loin, très loin, les autres écuries de pointe, Renault, MacLaren, Williams et consort.

vendredi 17 juin 2005

Le Finder succombera-t-il aux attaques de Spotlight ?

L’arrivée de Spotlight a fait et fait encore couler beaucoup d’encre (virtuelle). Le nombre impressionnant d’articles écrits à son sujet, dithyrambiques pour la grosse majorité, montre le grand intérêt de cette technologie ; elle représente, à n’en point douter, une réelle avancée, pour ne pas dire révolution, du point de vue de l’« expérience utilisateur ».

Beaucoup de personnes, dorénavant, ne jurent plus que par Spotlight, au point de délaisser complètement, pour certains, la voie classique du Finder et ses longues, trop longues promenades au fil des dossiers. Hop ! un coup de Commande-Espace, quelques caractères rapidement saisis, un dernier clic, et voilà votre document, jusqu’à présent enterré au dixième niveau d’une hiérarchie de dossiers, prestement ouvert prêt à recevoir votre prose. Plus simple tu meurs.

Du coup, ne voilà-t-il pas que certains nous prédisent la mort, à plus ou moins brève échéance, du Finder. L’article intitulé Tiger Tweaks Could Kill Folders, par exemple, sur Wired.

Devons-nous prendre ces affirmations pour argent comptant ? Spotlight réussira-t-il vraiment à bouter le Finder hors des puces électroniques de nos Macs ? Analysons les conséquences de cette prédiction.

Je me permets tout d’abord de vous rappeler ce passage d’un billet intitulé Dialogues d’ouverture et d’enregistrement de fichiers et expérience utilisateur :

Les interfaces graphiques (et en particulier notre chère Aqua) visent toutes, à coups de métaphores, à imiter autant que faire se peut la surface de nos bureaux physiques, le but ultime étant (je le conçois ainsi) de précisément nous faire oublier que nous avons affaire à une interface graphique ; celle-ci doit nous faire croire que nous ne sommes nullement occupés à commander un ordinateur mais à manipuler des outils sur un bureau. C’est ce qu’on appelle pompeusement l’expérience utilisateur.

Dans un bureau, un vrai, qu’y trouve-t-on ? Des documents et encore des documents, des dossiers, des outils, des armoires et des classeurs, et encore et encore. Le problème du classement et de l’accès aux documents s’est toujours posé à nous, tant dans le monde réel des bureaux que dans le monde virtuel des ordinateurs.

En tant qu’utilisateur de votre bureau — le vrai, celui en dur —, la tâche d’assurer ordre et discipline parmi vos documents vous incombe. Si vous êtes un maniaque du rangement et du classement, vous êtes sauf et continuez sur cette voie. Si vous vous en désintéressez, vous vous trouverez vite noyé sous des amoncellements de documents — et plus grand est votre bureau, plus imposants sont les amoncellements — ; trois solutions se présentent à vous dans ce cas : 1) laisser les choses en l’état et vous résigner à perdre des heures à chercher le moindre malheureux bout de papier ; 2) retrousser vos manches et vous lancer vaillamment dans une grande opération de ménage, en sachant pertinemment qu’à plus ou brève échéance vous aurez à répéter cette même opération, sans fin ; 3) et finalement, embaucher un(e) secrétaire à qui confier le travail ingrat de rangement et de classement ; vous avez besoin d’un document particulier ? faites appel à votre secrétaire et voilà déjà ce précieux papier posé sur votre bureau.

Spotlight n’est ni plus ni moins que ce (cette) précieux (précieuse) secrétaire. Mais, de la même façon qu’employer un(e) secrétaire ne vous empêchera jamais d’aller à quelque occasion chercher vous-même tel dossier rangé dans telle armoire — ne parlons même pas des documents déjà placés à portée de main sur votre bureau —, Spotlight ne vous empêchera jamais de naviguer via le Finder dans la hiérarchie de votre disque pour y piocher un fichier dont vous avez besoin.

Supposons maintenant qu’Apple décide en fin de compte de bouter dehors le Finder. Par quoi le remplacerait-il ? Quelle image de quelle métaphore affichera l’écran ? À l’ouverture de session, quel visage nous présenterait notre Mac ? Actuellement, le Finder nous présente un Bureau, des disques, un menu, etc. Devrons-nous nous contenter du champ de recherche de Spotlight, à la manière de Google ? Sauf que Google propose aussi un service d’Annuaire pour une recherche par catégories et sous-catégories. L’équivalent du Finder pour le web, quoi.

Les fonctionnalités du Finder sont trop nombreuses et trop importantes pour pouvoir être supprimé d’un coup de baguette magique. Copier des fichiers, sauvegarder le contenu d’un support vers un autre, etc., sont des actions actuellement hors de portée de Spotlight. Il n’existe pas dans Spotlight de notion d’« endroit ». Il n’est qu’un outil de recherche et s’il devait offrir ne serait-ce qu’un semblant de moyen de navigation, ce ne sera que sous la forme utilisée par le Finder. Autrement dit, le Finder, même sous une autre forme, sous un autre visage, sera toujours là.

mardi 14 juin 2005

Journée à l’école

J’ai fait la lecture sur “Je te sauverai”. On a fait le cadeau pour la fête des pères. On a commencé “Le petit cheval”.

On a fait une évaluation en conjugaison.

jeudi 9 juin 2005

La soupe au caillou, nouvelle version

Tristan Nitot nous parle, dans son excellent Standblog, du conte de la soupe au caillou et nous en narre une version qu’il réserve normalement à ses enfants. Cette version est cependant inexacte et incomplète. Voici la vraie histoire de la soupe au caillou telle que je vais dorénavant la raconter aux deux prunelles de mes yeux, Yanis et Rémi. (Les passages sur fond gris sont repris du texte original de Tristan.)

* * *

Un soir, un renard arrive dans un petit village habité par des animaux. Il porte un sac sur son dos, et frappe à la porte d’une maison habitée par une poule. La poule, craintive, hésite à lui ouvrir la porte. Mais le renard a l’air inoffensif et commence à lui parler de la soupe au caillou, une soupe délicieuse, affirme-t-il. La poule ouvre la porte, et accepte de faire avec le renard une soupe au caillou. On met donc une marmite pleine d’eau à chauffer sur le feu, le renard ouvre son sac, en tire un gros caillou qu’il met dans la marmite. Il explique que la soupe au caillou nécessite d’autres ingrédients. Alors on en parle dans le village. Un lapin apporte quelques carottes dont il n’avait que faire, l’écureuil apporte des navets, le cheval vient avec ses pommes de terre et ainsi de suite pour le mouton, la chèvre, l’âne et tous les animaux, qui apportent ce dont ils disposent. Tous ces légumes finissent dans le chaudron de la poule, avec le caillou.

Bien sûr, une soupe au caillou, ça prend du temps à cuire ! Alors on fait connaissance, on discute entre voisins, on écoute les histoires du renard, qui s’avère être très sympathique. La soupe au caillou est enfin prête, on la partage. Tout le monde a sa part de soupe au caillou qui est d’autant plus délicieuse que l’atmosphère est excellente. On plaisante, on discute, on réfléchit, on partage, on écoute, on palabre, on se demande comment on va bien pouvoir l’améliorer, cette fameuse soupe au caillou.

La nuit est maintenant bien avancée. Tout le village a passé une fabuleuse soirée. Décidément, la poule a eu là une bonne idée en accueillant le renard et son caillou qui permet de faire des soupes aussi bonnes que conviviales.

La renommée de la soupe se répandit comme une traînée de poudre et atteignit les coins les plus reculés du pays. Tout le monde en voulait, tout le monde rêvait d’y goûter. On se mit partout à copier la recette originale. Cependant, les autres villages n’ayant pas le caillou, celui du renard, ils se rabattirent sur des cailloux quelconques, ramassés sur les bords de chemins, pour confectionner leur propre soupe, l’accommodant comme ils pouvaient. Mais ce n’était qu’un semblant de soupe, en vérité.

Entre-temps, des dissensions naquirent au sein du village d’adoption du renard. Des inimitiés prospérèrent et des conspirations se tramèrent. A tel point qu’un jour, ligués contre le renard, certains méprisables animaux réussirent à le chasser du village, non sans lui avoir auparavant subtilisé son caillou.

Le renard repartit vers de nouvelles aventures, vers de nouvelles soupes au caillou, dans d’autres villages, pour d’autres rencontres, différentes et conviviales à la fois.

Les années passèrent. Dans l’ancien village du renard, les choses allaient de mal en pis. On avait certes le caillou, on avait certes la recette, mais il manquait le plus important, le savoir-faire du renard. De plus en plus nombreux, les animaux du village, rebutés par le goût de plus en plus exécrable de la soupe, fuyaient vers les villages voisins. Le village se dépeuplait. Le village se mourrait. Les sages du village, après de longs conciliabules, sont tombés d’accord que seul le retour du renard pouvait sauver le village, pouvait sauver la soupe au caillou. On partit à sa recherche.

On le trouva. Il accepta de revenir. En cadeau, il amenait son nouveau caillou, aux pouvoirs encore plus fabuleux. Hourra ! hourra ! criaient les villageois qui l’accueillirent à bras ouverts.

Renard s’attela à la tâche. Pour concocter sa soupe, il fallait les meilleurs ingrédients, il fallait du temps, de la patience et de la sueur. Mais au final, quel goût exquis ! Le renard et son nouveau caillou faisaient des miracles.

Malin comme un renard... hum, pardon. Malin comme lui-même, le renard ne laissa rien au hasard, améliorant, peaufinant et sublimant encore et toujours sa soupe. Et c’est ainsi que le jour où le fournisseur de l’un des plus importants ingrédients de la soupe faillit à sa tâche, le renard ne fût point pris au dépourvu. D’un tournemain, il dévoila aux yeux des villageois ébahis sa nouvelle recette, préparée avec un ingrédient de remplacement ; la soupe était encore meilleure, encore plus appétissante, affirmait-il.

D’aucuns crièrent au scandale et prétendirent que le renard avait à cette occasion vendu son âme au fournisseur du nouvel ingrédient, car il se trouvait que l’infecte soupe des autres villages utilisait ce même ingrédient. Mais ils oubliaient que l’ingrédient le plus important de la soupe, c’était le caillou.

De nos jours, la soupe au caillou du renard est distribuée partout dans le monde et elle garde toujours cette saveur incomparable. Si vous voulez y goûter, c’est très facile. Elle est vendue dans des emballages frappés d’une pomme croquée.

mercredi 8 juin 2005

Les parasites du net

La francisation des termes techniques de l’informatique reste un exercice difficile, très difficile. Tout le monde garde en mémoire la dernière fournée de termes francisés par la « tristement célèbre » Commission générale de terminologie et de néologie. Bon.

Un exemple frappant de francisation malheureuse est celui des fenêtres « popup ». Plaie des temps modernes connectés, ces fenêtres malvenues envahissent de plus en plus le web, s’installent sans gêne sur nos écrans et transforment nos paisibles séances de surf en dangereuses expéditions dans les bas-fonds de la pornographie. Pour nous mettre à l’abri de ce répugnant ennemi, chaque navigateur propose maintenant, grâce à une fonction spécifique, le moyen de les contrer. Pour baptiser cette fonction, chacun y va malheureusement de ses propres termes récoltés sûrement au petit bonheur la chance. En voici un petit panorama (qui ne prétend donc pas à l’exhaustivité) :

  • Internet Explorer 6.0.2900.2180.xpsp_sp2_gdr.050301_1519 (beau nom à rallonge pour baptiser la version d'IE livrée avec XP SP2) propose un menu Bloqueur (*) de fenêtre publicitaire intempestive (où l’on découvre par la suite la belle inconsistance de Microsoft dans le choix des libellés de ses menus, en adoptant sans crier gare le pluriel dans le sous-menu correspondant : Désactiver le bloqueur de fenêtres publicitaires intempestives, Paramètres du bloqueur de fenêtres publicitaires intempestives...) ;

  • Apple innove dans Safari en invoquant les fenêtres surgissantes, faisant surgir de la sorte un bel adjectif de nulle part ;

  • Firefox ne se mouille pas trop en s’en tenant au mot anglais original, Bloquer les fenêtres popup ;

  • Google, dans sa barre d’outils, s’autorise quelques libertés et propose de Bloquer les annonces pop-up.

N’est-il pas possible de trouver meilleur terme pour remplacer le mot « popup » ? Bien sûr que si. Voici ce mot et ses définitions telles que données par le TLFi (Trésor de la langue française informatisé) :

Parasite, subst. masc.
  • P. ext. Personne qui vit, prospère aux dépens d’une autre personne ou d’un groupe de personnes.
  • Qui coûte plus qu’il ne rapporte, qui exploite, tire profit sans rien rapporter, qui se pratique au détriment de la société.
  • Biol. animale et végét. Organisme animal ou végétal qui, pendant une partie ou la totalité de son existence, se nourrit de substances produites par un autre être vivant sur lequel ou dans les tissus duquel il vit, lui causant un dommage.
  • Méd. [En parlant des tumeurs qui se développent chez un être vivant].
  • Télécomm. Signaux imprévisibles se superposant à un message et le perturbant.
Parasite, adj.
  • Gênant, perturbateur ou nuisible.
  • Qui gêne la lecture, la compréhension.

Fenêtre parasite. Cela sonne très bien. Toutes les acceptions du mot parasite renvoient la même nuance sémantique décrivant avec justesse le rôle des fenêtres popup-surgissantes-intempestives. Pour moi c’est définitivement adopté. Faire accepter le nouveau terme au grand nombre ne sera pas une mince affaire. Dieu Google ne recense que 85 occurrences de « fenêtre(s) parasite(s) », dont une bonne part n’a rien à voir avec les fenêtres popup.


(*) Les valeureux étudiants belges acharnés à l'étude des fenêtres publicitaires intempestives tiennent à adresser ici leurs vifs remerciements à Microsoft qui, par son choix judicieux du terme bloqueur (en lieu et place des éculés bûcheur ou bosseur), a contribué de façon inestimable à leur renommée.

dimanche 5 juin 2005

Des états mésomorphes

Un petit tour sur le Trésor de la langue française nous permet d’obtenir la définition suivante :

État mésomorphe : état de la matière intermédiaire entre l’état amorphe et l’état cristallin.

Ceci dit, je vous rassure tout de suite cher lecteur, nous ne nous affligerons pas un cours de chimie structurale. Nous nous contenterons uniquement d’en illustrer les effets grâce à une petite animation de notre cru.

Munissons-nous d’abord de l’outil indispensable : MorphX. Adjoignons-lui deux images qui figureront l’état de départ et l’état d’arrivée, que voici :

  

et ouvrons-les dans MorphX :

MorphX, on l’aura compris, est un logiciel de morphing. Il affiche dans le bas de sa fenêtre unique un aperçu de la séquence d’images mésomorphes menant de l’image de départ à celle d’arrivée. Le nombre d’images constituant la séquence est paramétrable.

L’étape cruciale de création du morphing est celle de la définition des points remarquables. Vous devez désigner sur l’une des images certaines contours ou certaines formes clés et l’équivalent sur l’autre image. Pour ce faire, vous dessinerez des lignes brisées autour d’un contour ou d’une forme précise, et l’outil reprenant cette même ligne sur l’image opposée, vous l’ajusterez comme nécessaire par déplacement des points. On peut voir sur la capture d’écran ci-dessus un exemple de forme clé avec l’oreille droite de nos deux modèles.

L'étape finale consiste à exporter la séquence sous forme de film QuickTime. Ce que j’ai certainement fait avec notre exemple. Cependant, j’ai également transformé ce film en document GIF animé :

Film QuickTime GIF animé

Savourons maintenant la splendeur des états mésomorphes. Sans oublier les états extrêmes (ou stables), autrement plus savoureux et surtout cristallins.

vendredi 3 juin 2005

Safari se ressource

Pour mes (modestes) développements Web, j’ai successivement utilisé jusqu’à présent Internet Explorer, feu-Chimera et finalement Firefox (depuis sa pré-version 0.8, je crois). Sitôt sorti, sitôt adopté en tant que navigateur par défaut, Safari avait cependant cette grande lacune de ne pas permettre d’afficher le code source d’un cadre particulier d’un frameset (eh oui, je l’avoue, en ce temps pas si lointain, je ne répugnais pas à utiliser les cadres… promis, cher lecteur, je ne recommencerai plus).

Au fil des versions, Safari s’est amélioré et bonifié. Un clic droit sur un cadre permet maintenant, dans la version 1.2 de OS X 10.3.9 (ou peut-être même avant), d’en afficher le code source. Cette fonctionnalité ne m’est plus d’une grande utilité.

Mais j’ai découvert mieux dans Safari ! C’est avec grand plaisir que j’ai découvert ce majestueux cadeau dont nous ont gratifiés les valeureux développeurs de Safari. Si vous ouvrez une fenêtre de code source d’une page web affichée dans Safari et que, le contenu de cette dernière ayant changé (ce qui arrive souvent lorsque vous développez une page web), vous rafraîchissiez cette page, la fenêtre du code source se met automatiquement à jour, reflétant miraculeusement le nouveau contenu !

Je subodore que ces deux nouvelles fonctionnalités sont également présentes dans Safari 2.0, mais je n’ai malheureusement pas le moyen de le vérifier.

jeudi 2 juin 2005

Captain Blood au service des spammeurs

L’imagination des spammeurs est sans limite. Après avoir tenté de vider mon compte imaginaire à la banque Regions, ils veulent maintenant me fourguer leur saleté d’ersatz de Viagra et autres dangereuses cochonneries.

Pourquoi je vous en parle ? Simplement parce qu’un e-mail de ce type, bien que contenant les mots prohibés « Viagra », « Cialis » et compagnie, a échappé à la vigilance d’Apple Mail et n’a pas été classé comme courrier indésirable. Il me fallait en découvrir la raison.

Il n’y a rien à reprocher à Mail. Il a simplement été abusé par la ruse sans limite des spammeurs, qui ont trouvé le moyen d’« obscurcir » le contenu de leurs mails. Voici comment.

Dans sa partie purement texte, le pourriel ne contient que du texte anodin, fait de bouts de phrases :

Hello,
They crossed the island, the two prisoners accompanying them, andThe
Admiral ceased to smile. He revealed something of the rage thatA
note for you from the Deputy-Governor, said the master
[…]
prisongreat fleet with which you were to come to Maracaybo to destroy
us.So, so! M. de Rivarol smiled malignantly. Not only do you
offerthe Brethren of the Coast, would become a byword, a thing of

Dans sa partie HTML, on trouve ce captivant message vous invitant à enrichir les sympathiques expéditeurs qui œuvrent assurément pour votre bien :

Hello, do you need to spend Iess on your druggs?

Save over 70% with PharrmacyByMail Shop

VlAGRA VALlUM ClALlS LEVlTRA and many other.

With each purchase you get:

Top quaIity
BEST PRlCES
Total confidentiaIity
Home deIivery

Ignorons le travestissement grossier de certains mots du message (Iess, quaIity, confidentiaIity, VlAGRA, ClALlS, où les lettres « I » et « l » sont interverties) ; ce stratagème est déjà ancien et je suis certain que Mail a depuis longtemps rencontré et assimilé ce tour de passe-passe. Il ne peut être à l’origine de la faillite de Mail. Autre chose en est à l’origine. Et cette autre chose est dans le message, cachée dans le message. Dans la source du message. Dont je vous présente ici un extrait, celui correspondant à la ligne « VlAGRA VALlUM ClALlS LEVlTRA and many other. », où pour l’exemple le mot prohibé « VIAGRA » est mis en exergue :

<DIV><FONT face=Arial size=4>VlAGR<SPAN style="DISPLAY: none">thither now.</SPAN>A VALlU<SPAN style="DISPLAY: none">vessels. Those who shipped with him undertook obedience and</SPAN>M ClAL<SPAN style="DISPLAY: none">King of France.</SPAN>lS L<SPAN style="DISPLAY: none">horror before the jeering ruffian whom he had slain, and other</SPAN>EVlTRA and many other.</FONT></DIV>

Le lièvre est levé. Mail a été berné car chacun des mots litigieux est coupé en deux par des blocs SPAN. Et si ces blocs SPAN ne s’affichent pas, c’est tout simplement parce que la propriété display positionnée à none dont ils sont tous affublés leur en intime l’ordre. Ce que « voit » le filtre anti-spam de Mail, en vérité, c'est le texte suivant : VlAGRthither now.A. CQFD.

Je termine ici en vous signalant que les extraits de texte qui essaiment le courrier de spam proviennent tous d’un roman de l’écrivain anglais (d’origine italienne) Rafael Sabatini (Wikipedia, le Roman d’aventures), Captain Blood (Wikipedia, Public Domain Content). Errol Flynn a joué dans le film adapté de ce roman (1935).

dimanche 29 mai 2005

Mac contre PC : le grand match de l’installation

Retroussons nos manches et attelons-nous à notre mission de comparaison entre Mac OS X et Windows. Penchons-nous, pour cette première partie, sur l’étape la plus importante et la plus délicate de l’utilisation d’un système d’exploitation : son installation. Par souci d’équité — et accessoirement parce que je ne dispose pas encore de Tiger —, la confrontation mettra en jeu Mac OS X 10.3.9 et Windows XP SP2.

De plus en plus souvent, les ordinateurs sont livrés avec le système d’exploitation déjà préinstallé. À la première mise en route, l’utilisateur est invité à compléter certaines informations (nom de la machine, fuseau horaire, etc.) et, à peine quelques minutes plus tard, l’ordinateur est déjà fonctionnel.

Cependant, à plus ou moins brève échéance, l’utilisateur sera contraint de procéder par lui-même à la réinstallation du système : acquisition d’une nouvelle version majeure, corruption du système, problème de disque dur, etc., les occasions de plonger les mains dans le cambouis sont nombreuses. Quelle expérience — fascinante ou affligeante — vivra l’utilisateur ?

Pour Mac OS X, il faut l’avouer, l’épreuve commence assez mal. Une fois le DVD du système inséré dans le lecteur, vous aurez beau démarrer et redémarrer encore votre Mac, ce dernier restera obstinément insensible à la présence de la galette. Très fâcheux. Et bien sûr, n’espérez aucune aide de la part du Mac, un quelconque message d’explication sur l’écran ou une hypothétique indication autre que cette insupportable roue tournoyante. Ce n’est qu’après de longues et fastidieuses recherches que vous apprendrez qu’il vous faut maintenir la touche « C » appuyée au démarrage pour forcer la prise en compte du DVD. « C » pour CD-ROM… alors que vous utilisez un DVD. Risible.

Le démarrage d’un PC avec un CD de Windows XP inséré dans le lecteur approprié se révèle autrement plus facile. La machine s’ébroue et vous demande aimablement d’appuyer sur une touche quelconque pour lancer le CD. Simple et direct. Bien sûr, il peut arriver, dans des situations particulières, que vous soyez contraint de faire un détour par le BIOS pour parvenir à démarrer sur le CD. Je vous ferai cependant injure de vous parler de cette procédure somme toute triviale. Existe-t-il encore une personne sur Terre qui ne soit pas rompue aux arcanes du BIOS ?

Arrive alors le grand moment, celui où le système montre le bout de sa truffe. Voici le tout premier écran de Mac OS X :

Fidèle à son image, le système frappé de la pomme s’affiche en mode graphique, déployant son interface Aqua comme le paon sa roue. Soit. Mais cela suffira-t-il à cacher l’extravagance du message véhiculé par cet écran ? Voyez donc : je compte pas moins de quinze lignes de texte écrite chacune dans une langue différente (du moins, je le suppose) et annonçant de toute évidence le même message. Bien vu. Cependant, pratiquant le français (évidemment) et l’anglais, je ne comprends pas la contradiction véhiculée par ces deux langues. Est-ce une erreur de traduction ? la conséquence d’un travail bâclé ou de traducteurs sous-payés ? Toujours est-il que la première ligne, à mon sens, devrait se lire : « Use French for the main language ». Mais comment pardonner cette erreur lorsque vos yeux tombent sur cette ultime injure : Mac OS X se permet de nous tutoyer ! Ne lis-je pas, écrit noir sur blanc, « Continue » au lieu de « Continuez » ? À cette étape, le plus magnanime d’entre-nous aura déjà tout jeté par le fenêtre… pour ouvrir grand la porte aux fenêtres de Windows.

La photo qui suit nous présente le premier écran de l’installation de Windows.

Que du bonheur. Nous ne sommes pas assaillis de mille langues dont nous n’avons que faire. Les textes sont courts et intelligibles, le message direct. Notez la pureté de cette interface qui peut sembler, de prime abord, dépouillée mais qui en réalité pousse loin le souci du détail, à l’exemple du nom Windows XP délicieusement décoré par les deux « (R) » disposés en encadrement.

Inutile de poursuivre plus loin notre expérience, le vainqueur de cette manche est tout désigné. Le perdant réussira-il à rattraper son retard lors des manches suivantes ? Vous le découvrirez dans de prochains articles.